mardi 21 avril 2015

Réponse à Laurent Chemla, à propos de la loi sur le renseignement.

Bonjour Laurent,

Vous permettez que je vous appelle Laurent ? Je ne veux pas faire trop de manières ni être trop familière non plus.

Je lis ce matin ce billet : http://blogs.mediapart.fr/blog/laurent-chemla/170415/lettre-ceux-qui-sen-foutent ;

Je trouve ça pas mal. Mais franchement un peu pathétique. Une lettre à ceux qui s'en foutent ? Déjà qu'ils se foutent de ce qu'ils se passe à l'assemblée, ils vont certainement pas avoir grand chose à faire des gens qui leur font la morale sur ce dont ils se contrefichent.

Cette lettre ne sert qu'à prêcher les convaincus. En répétant les mille choses qu'on sait déjà par cœur : "Être surveillés, ohlalalala c'est MAL",  "En plus ça sert à rien", etc.

D'où, d'ailleurs, avalanches de commentaires positifs de la part des convaincus.

Bon, parler aux convaincus, c'est déjà pas mal : mais ce qu'il faudrait, c'est aller plus loin. Et là, je trouve rien. Non parce que concrètement, les vraies conclusions à tirer de ce vote ? "Appeler vos députés"...

Laurent, personnellement j'ai encore de l'amour-propre. Plutôt que d'aller supplier des gens qui n'en n'ont rien à faire, qui ne me représentent pas et qui ne le feront jamais, je préférerai leur nier tout pouvoir et toute légitimité.

Ça fait des années que ça dure. On est dans le plan vigipirate depuis 25 ans au moins, à vue de nez. Après le 11 septembre, il y a eu la loi sur la sécurité quotidienne; les passeports biométriques. Aujourd'hui, après le massacre de janvier, on nous sort un projet de loi pour le renseignement.

Je pose la question : mais quand est-ce que vous allez vous décider à comprendre ?

Cette démocratie n'en est pas une, les représentants n'en sont pas, toutes ces institutions de merde sont illégitimes.

La seule chose que je lis dans votre lettre de bonnes intentions, c'est encore une soumission à ce système moisi qui chaque jour, fait un pas de plus en avant dans le contrôle : "Appelez vos députés ?!"

Je me rappelle, encore et encore, l'époque où tout le monde, dans la gaucho-blogosphère, râlait contre Sarkozy. Un groupe a alors proposé de faire des manifestations dans chaque ville, quelque chose qui se serait appelé le "No Sarkozy Day" (sur un modèle italien).

Ce groupe a donc demandé à l'ensemble des blogueurs de publier l'annonce, de faire le relais.

Et là, j'ai vu les blogueurs se coucher et ramper. Il fallait "respecter les temps de la démocratie". Pas question de faire autre chose que de publier de jolis blogs et de faire de la poésie. Au moment de lever le poing, ils sont partis en week-end.

Car vous savez, on parle d'abandonner de la liberté pour de la sécurité. Mais en fait, personne ne fait ça.

D'une part, parce qu'on a toujours moins de liberté, mais jamais plus de sécurité, à part "en théorie" : je n'ai jamais vu le moindre rapport entre "donner du pouvoir aux flics" et "être plus en sécurité". Il y a quelques cadavres, aux USA, qui pourraient vous en parler mieux que moi, mais...

Et d'autre part, parce que font surtout la plupart des gens, c'est échanger de la liberté contre du loisir, sous forme de gadgets, la plupart du temps - et ça : c'est plus dur d'y renoncer, hein ?.

Bref, je ne me souviens plus si j'ai été déçue ou surprise. Ça n'aurait pas été bien loin, mais se réunir dans la rue, ça aurait donné de l'air aux gens, et selon moi, cela aurait pu amener des conséquences positives.

Aujourd'hui, nous y revoilà encore. La loi sur le renseignement va être votée. C'est joué d'avance. Vous savez quoi ? La loi punit quiconque forcerait un député à faire ou à s'abstenir de faire quelque chose. Et je vais répéter encore une fois ce que tout le monde sait : Selon notre constitution, le mandat impératif est nul. Ce qui veut dire qu'on ne peut pas élire un député en lui donnant précisément mandat de faire ceci ou cela, c'est illégal.

Je connais par cœur les arguties qui justifient cette aberration. Ce sont des monceaux de stupidités avancées par des gens vaguement persuadés que ceux qui savent doivent décider pour la masse.

Mais j'irai droit au but : il est temps d'appeler, non pas les députés, mais à la révolte, au boycott, et largement.

J'ai déjà fait quelques propositions ici : http://noelle-ici-ailleurs.blogspot.fr/2015/04/loi-de-renseignement-ne-comptez-pas-sur.html

Et maintenant ? Qu'allez-vous faire ? Continuer les incantations - qui ne sont que des appels au calme et à la résignation ? Ou bien appeler à l'action ?

Je ne me fais pas beaucoup d'illusions, pour tout dire. Mais ce que je viens d'écrire là montre que je garde encore beaucoup d'espoir.

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