mercredi 23 septembre 2009

Reprendre l'initiative - II - Le défi technique

Pour reprendre en deux mots, il s'agit de créer un mouvement international rassemblant des gens du monde entier, non seulement pour promouvoir (parce que ça, tout le monde le fait) la liberté et la démocratie, mais pour l'exiger maintenant, partout où c'est possible, et en particulier dans l'entreprise et dans l'éducation. Pour plus de détails à ce sujet, la partie I est un cran plus bas, je crois.

Pour s'organiser, ce mouvement utilisera l'Internet. Ce réseau ne connaît pas les frontières. Les autres médias ont montré leur limites : quelques uns informent (en prêchant des convaincus) et les autres déforment. La télévision est la forme la plus aboutie de la machine à décérébrer. Certains journaux ont de l'avenir, mais de ceux détenus par les grandes entreprises, si ce n'est par des marchands d'armes, nous n'avons rien à attendre.

Or, comment et d'abord surtout, pour quoi utiliser l'Internet ?

Je vais donner un exemple d'action que je pense assez représentatif, et qui par nombre de ses caractéristiques, peut servir de cas d'école. Bien sur, il ne constitue en aucun cas un objectif pour des raisons sur lesquelles je reviendrai plus tard.

Les changements que nous voulons induire dans les entreprises, nous ne pourrons pas nous contenter de les souhaiter. Il va falloir utiliser la menace. Sans menace, toutes les suppliques habituelles seront vaines. Non, il faut, j'insiste sur ce point, utiliser la menace commerciale. Et certainement en venir au boycott.

Passons au cas concret : la téléphonie mobile. Je n'ai pas de téléphone donc je connais peu le sujet. Mais je pense ne pas trop me tromper en affirmant ceci :

Sur le marché français, trois opérateurs se partagent le marché. Rien ne permet de les différencier vraiment et quand on y réfléchit, 3 opérateurs différents pour un réseau, c'est stupide. Stupide pour nous. Très rentable pour eux :
  • D'abord ils dépensent une fortune en publicité. C'est un gaspillage pur et simple de ressources environnementales précieuses.
  • Le réseau est triplé. Je peux me tromper mais je suppose qu'il y a donc trois fois plus d'antennes que vraiment nécessaire : encore un gaspillage de matières première, d'energie, etc.
  • La pseudo concurrence qui les oppose produit essentiellement des offres impossible à comparer, des contrats longue durée, ainsi que tout l'arsenal habituel des astuces juridiques pour rendre le client captif, et bien sur, une différentiation sur le gadget technologique inutile.
  • Au final, ils ont été condamnés pour entente illicite! Naturellement, aucun abonné n'a revu la couleur de l'argent extorqué par ce biais, mais en plus, comme les prix n'ont pas bougé d'un iota depuis, il y a fort à parier que l'entente continue!
Note : Je sais : parler d'environnement et de téléphonie portable semble un peu ridicule. Je sais. Ce n'est qu'un exemple.

J'évoque ce cas parce que j'ai pu voir qu'il existe un ressenti énorme envers les opérateurs télécom. Les gens les détestent parce qu'ils savent. Mais ils ont l'impression qu'il n'y a rien à faire.

Voilà précisément une action possible de ce mouvement : réunir suffisament de gens pour siffler la fin de la récréation. Lancer un cahier des charges en exigeant :
  • Des engagements en terme d'emploi et de participation à la prise de décisions des salariés (la démocratie dans l'entreprise)
  • Des engagements en terme d'environnement (je rentre pas dans les détails, vous imaginez)
  • Des protocoles ouverts, des offres commerciales simples, des tarifs sociaux, pourquoi pas ?
Et là, l'épreuve de force. Soit on est assez nombreux et assez forts. Ils cèdent, on avance, on passe à la suite. Soit on ne l'est pas assez. Alors on appelle ceux qui se sont contenté de regarder faire et on y retourne. Et puis, on peut imaginer des tas de choses. Vous imaginez l'impact sur le cours boursier si cent mille clients annoncent la résiliation massive ? Je suis sur que plein de gens ici et là ont des idées encore meilleures.

J'ai dit que ceci n'était qu'un exemple et ne constituait pas un objectif de ce mouvement. La première et principale raison qui me vient à l'esprit est qu'il ne me revient absolument pas de décider des objectifs. L'autre raison est que ce mouvement n'est pas une association de consommateurs. Il ne donne pas des notes à des produits, il exige, purement et simplement, le respect de certaines normes à tous les niveaux possibles, de manière directe, sans la médiation toujours longue et tordue (par les lobbies) des pouvoirs publics.

En parlant de pouvoirs publics, pour être claire : je ne suis pas en faveur d'une entreprise d'État géré par un autre de ces hauts fonctionnaires - encore une opinion personnelle, mais en accord avec le principe fondateur : démocratie dans l'entreprise. Nous savons tous que la solution de la nationalisation ne vaut guère mieux. Ce sont les salariés et les clients qui devront contrôler cette entreprise, pas un énarque ou je ne sais quel technocrate du même accabit. Ces organisations hiérarchiques font des employés des robots. Des robots avec la sécurité de l'emploi et 6 semaines de congés, mais des robots. Qui n'ont aucune raison particulière - soyons francs - de se soucier de nos besoins et de nos exigences. C'est l'effet inévitable de la bureaucratie. Personnellement, je suis convaincue que ces robots peuvent redevenir des humains à la première occasion. Il suffit de leur donner le droit de décider par eux-mêmes.

J'ai mentionné le téléphone mobile parce que cet exemple me paraissait pertinent, mais il peut vous sembler futile. J'aurai pu donner un autre exemple avec les supermarchés. Nous pouvons, si nous le voulons, exiger des supermarchés qu'ils payent leurs fournisseurs et notamment les paysans vite et bien. Il n'est pas normal qu'ils dégagent un bénéfice monstrueux et que finalement nous finissions par subventionner l'agriculture. Les paysans n'ont pas à vivre de la charité publique quand ils pourraient très bien vivre de leur travail si toute une ribambelle d'intermédiaires ne vivaient pas sur leurs dos.

Bref, exemples pertinent ou pas, ce n'est pas la question. La question ici, c'est l'architecture technique à mettre en place pour organiser tout ça.

Comment proposer des actions ?
Comment les mettre aux voix ?
Comment les planifier ?

Sachant qu'un site web ne suffira pas: Il faut absolument un logiciel à part, multiplateforme, à source ouvert, gratuit, reposant sur une infrastructure décentralisée. Il faut inclure un système de PKI pour la signature des votes éléctroniques. etc.

Ce genre de logiciel existe partiellement, mais aucun ne fournit un outillage pour faire ceci; je pense à des choses comme OneSwarm, Freenet, GnuNet, etc. Pourrait-on les adapter ? Les utiliser tels quels ?

La partie débat peut avoir lieu ailleurs : il y a les blogs pour ça, ils hébergent une activité très importante et très satisfaisante pour ce que j'ai pu en voir. De plus, si nous sommes nombreux, faire discuter trop de personnes ensemble est contre-productif.

C'est là que j'ai besoin d'aide. Il faut rédiger les spécifications fonctionnelles du produits. Ensuite, il faut prototyper le protocole réseau et enfin, coder. Je peux le faire seule, mais ça va me prendre du temps et j'en ai peu (j'ai besoin de sommeil). Donc si vous avez des idées, un peu de temps, des compétences techniques, envie de changer le monde vraiment, eh bien laissez-moi un message ici. N'hésitez pas à proposer les outils qui permettront de démarrer : un serveur de liste de diffusion pour les développements, des liens ou des noms de modèles existants, etc. Et parlez-en autour de vous.

Une parenthèse importante à propos de développement : je suis en phase avec Joël Spolsky sur son dernier billet : Duct Tape Programmers . Si vous ne lisez pas l'anglais ou si vous êtes pressés, laissez-moi vous traduire le paragraphe le plus important :

Note : duct tape, c'est intraduisible, enfin pour moi; on va dire "bout d'ficelles"...

Les programmeurs bout d'ficelles sont pragmatiques. Zawinski a rendu celèbre le précepte de Richard Gabriel’s Le Pire est le Mieux (Worse is Better). Une solution à 50% bonne que les gens ont résous vraiment plus de problèmes et survit plus longtemps que la solution bonne à 99% que personne n'a parce qu'elle est dans votre laboratoire où vous polissez indéfiniment la damnée chose. (NDT : aucun sous-entendu, bien sur). La livraison est une fonctionnalité. Une fonctionnalité vraiment importante. Votre produit doit l'avoir.
Cela étant, ce qui est valable pour le logiciel n'est pas valable partout.

Et le temps presse. Vraiment. Vous le savez bien. Ce que nous cherchons à faire ne plaira sans doute pas à certaines personnes. Pas la peine de devenir parano pour autant. Mais attention à ne pas trainer en route. Il y a des lois qui se préparent et qui rendront peut-être ce projet plus difficile.

4 commentaires:

  1. Chère noëlle, ton idée me plaît beaucoup. Et je te propose mon aide pour la mettre en place.

    Pour la gestion de projet il existe pas mal de logiciels qui le font, les plus connus sont listés ici :
    http://www.journaldunet.com/solutions/0409/040917_panorama_gestionprojetsOS.shtml

    Les moins connus mais qui ont l'air intéressant :
    -Redmine (très complet avec un wiki inclus)
    -Pragmatis (ou PMS)
    -EGroupware

    Pour l'hébergement du projet Google et developpez.com propose des espaces de stockage pour les projets opensource. Mais j'ai pas trop regardé, et j'ai pas le temps entre les compiles (je suis au boulot).

    Pour la techno à utiliser, étant un intégriste du C++, je ne saurais quoi d'autre conseiller, mais tout dépend des spec, on aura sûrement aussi besoin de javascript (si interface web il y a et ça serait bien qu'il y en ait une) et de PL/SQL (stockage en BDD des votes/commentaires...). Je conseillerais surtout de prendre des langages de prog répandus et accessibles (évitons le whitespace : http://compsoc.dur.ac.uk/whitespace/).

    Pour les protocoles de communications, je ne suis pas spécialiste réseau et quand on me parle d'autre chose que HTTP, POST ou SOAP je suis perdu. Je ne peux pas trop t'aider.

    Les forums, les discussions IRC dans les domaines politiques... bref les débats existent déjà certes, mais les trouver n'est pas toujours choses faciles (d'ailleurs je suis arrivé ici plutôt par hasard en suivant un de tes commentaires sur "plume de presse"), qui plus est les modérateurs ont tendance à y exprimer leur mauvaise foi en censurant les propos qui ne conviennent pas à leur vision du monde. Donc pour moi le débat n'est pas encore suffisamment libre ou mature sur la toile (ni ailleurs).

    Pourquoi ne pas créer un fil de discussion parallèlement à chaque sujet, au moins pour résumer ou lister les argumentaires ? Une technique de modération intéressante à mettre en place pourrait être de choisir deux (ou plus) modérateurs par sujet, un pro un contre, et de n'autoriser la censure/modération d'un message/sujet que si les deux modos sont d'accords (il pourrait y avoir un forum général avec des catégories, puis une liste de "fils de discussions" par vote avec plusieurs sujets comme la définition exacte de la question avant de la soumettre au vote par exemple).

    Enfin, j'entre déjà beaucoup trop dans les détails, pour l'instant il faut créer le projet, le nommer et discuter dans le wiki et/ou dans un forum du comment et du avec quoi.

    Bref, t'as ma participation, celle d'un tout jeune ingénieur de développement qui lui aussi dort la nuit (ou fais la fête en tous cas n'est pas toujours derrière son écran)... ;)

    Par contre, ce qui serait bien, ça serait de recruter mondialement (en allant faire un tour sur irc:annonet par exemple).

    RépondreSupprimer
  2. Bienvenu à bord Etienne;

    Pas mal d'éléments pour une première fois :) Je voudrais pas te répondre trop vite pour ne pas dire de bêtise. Juste deux trois trucs, vite fait :

    Je n'ai rien contre le C++; je ne connais pas trop, par contre. Du moment qu'on fait du multiplateforme - parce que moi, je suis surtout Linux. Donc effectivement c'est à réfléchir.

    En fait, j'ai commencé à pondre une sorte de processus itératif. Je vais essayer de le publier ce soir.

    En tout cas, je pense qu'il faudrait qu'on travaille avec une liste de diffusion - pour le dev, je parle. Parce qu'ensuite, ce sera différent. Donc je vais voir à mettre en place un google-group pour nos discussions à ce sujet.

    Et pour finir avec le recrutement, pour l'instant il vaux mieux y aller mollo - sauf pour le dev, où là, il faut des mains. Mais pour les utilisateurs, je ne voudrais pas faire de faux départ avec un truc pas encore commencé.

    Une fois le google-group fonctionnel, je t'avertis (et aussi Joe Linux, l'autre participant de ce grand mouvement de masse de 3 personnes :))) et je vois pour publier un article ici avec ces éléments, et aussi un brouillon du processus.

    Mais les recrutements peuvent commencer très vite si on s'y met comme il faut.

    RépondreSupprimer
  3. Moi aussi je suis sous Linux à la maison (Ubuntu) donc pas de soucis. Il faudra bien définir les specs avant de choisir la techno de toutes façons.
    L'ideal serait, à mon avis, que l'application puisse s'intégrer entièrement dans un navigateur et donc serait multiplateforme, on aura juste le problème de devoir héberger le(s) serveur(s), et on va galerer pour rendre ça compatible InternetExplorer.

    RépondreSupprimer
  4. L'idée de faire une appli qui puisse être pilotée par un navigateur est pas mal.

    Par contre, un point qui me semble important c'est le côté décentralisé. Il faut absolument (sans vouloir être parano comme je l'ai dit) éviter un point unique qui pourrait subir des attaques (légales ou non).

    Comment le faire correctement c'est une autre affaire.

    J'ai créé un groupe de discussion google et j'ai fait un billet pour donner les éléments. Dès que tu es abonné, je poste le brouillon du processus et deux trois autres trucs.

    RépondreSupprimer