mercredi 23 septembre 2009

Reprendre l'initiative - I - Le Principe

Après quelques réflexions et lectures subversives sur le monde en général, j'en suis venue à la conclusion suivante :

Il est possible de créer un mouvement international de manière à ce que les gens reprennent l'initiative.

Les éléments qui me font arriver à cette conclusion (en vrac) :
  • Les gens (ou le peuple, ou la population, comme vous voulez) n'ont globalement pas le pouvoir. Les décisions sont prises au-dessus d'eux, ils sont souvent pris pour des idiots (pour ne pas dire plus), trompés, infantilisés, etc.
  • Il y a un niveau assez important de ... disons quelque chose qui est un mélange de cynisme, de désespoir et de lucidité chez les gens. Dans l'ensemble (c'est une impression personnelle) ils ne croient plus au pouvoir, ils s'en méfient, ils se doutent que les gouvernements n'agissent pas dans leur intérêt, pas plus sur le court terme que sur le long terme.
  • On dispose avec l'Internet d'un moyen pour mettre en relation des personnes du monde entier. Ça pose des problèmes d'infrastructures techniques, mais on peut toujours trouver une solution pour le faire de la manière la plus économique et fiable possible.
  • Les mouvements de masse ont des impacts. Quoiqu'ils en disent, les gouvernements, l'élite, en a peur. Bien sur, ils tentent par tous les moyens (et notamment la propagande) de faire croire le contraire, pour conserver le pouvoir.
  • Je pense sincèrement qu'il n'y a pas d'autre choix qu'une organisation internationale. Les frontières politiques sont des obstacles techniques, il faut simplement les considérer en tant que telles.
  • Enfin, des mouvements se sont organisés dans des conditions bien pires que celles où nous nous trouvons actuellement. Ce qui veut dire que la seule chose qu'il y a besoin de faire, c'est de commencer.
Dit comme ça, ça paraît simple, hein ? Commençons donc.

L'idée principale du mouvement est la suivante :

Une vraie démocratie partout où c'est possible.

Et voilà pourquoi (à mon avis) :

(Note : gardez à l'esprit que j'emploie le terme "nous" pour parler de la population mondiale)

La plus grande partie du monde vit sous des dictatures plus ou moins sanguinaires. Je ne rentrerai pas dans les détails, les renseignements affluent. Pour les victimes de ces régimes, la démocratie parait évidement souhaitable. Mais, et c'est là que le problème se situe, dans les autres pays, la démocratie est seulement formelle. C'est-à-dire que même en considérant que les gens sont représentés par le parlement (et c'est très loin d'être le cas) en réalité, nous passons la plus grande partie de notre temps éveillé dans des systèmes dictatoriaux : école et entreprise, pour ne parler que des deux plus importants. Attention, l'école et l'entreprise ne sont pas forcément des enfers invivables, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai simplement dit, et je ne pense pas que l'on puisse le contester sérieusement, que ce sont des systèmes dictatoriaux.

Dans le cas de l'entreprise, il est évident (et d'un certain point de vue, normal) que les décisions sont prises par les dirigeants dans leurs intérêts ou dans l'intérêt de leurs actionnaires (ce qui revient à peu près au même vu d'en bas). Les salariés de l'entreprise, tenus en général dans l'ignorance de la politique de l'entreprise ne font que subir les conséquences de ces décisions sans y participer. Quand il existe un contre-pouvoir (par exemple un syndicat), il peut exister une opposition, mais le problème perdure : ce sont les dirigeants du syndicat qui négocient avec les dirigeants de l'entreprise et en fin de compte, le pouvoir échappe encore aux salariés. Cela ne veut pas dire que l'action du syndicat est mauvaise en fin de compte (je dirai presque que c'est mieux que rien) : mais le résultat final est que cette délégation du pouvoir finit par conduire à des abus et des compromissions, sans parler de maintenir les gens dans l'idée que seuls un petit groupe peut décider pour la masse.

Or, rien ne dit que ce doit être le cas. Les salariés pourraient décider eux-même de la politique à suivre, sur le long terme, en tenant compte de différents paramètres. Les gens sont très loin d'être stupides et ils en sont parfaitement capables. On peut s'attendre à ce que des objectifs partagés soient mieux respectés et donc, à une plus grande efficacité.

Je pense donc que la démocratie en entreprise est possible autant que souhaitable. Quand on voit comment se comportent les entreprises en général par rapport à l'environnement (que ce soit naturel ou social), on ne peut pas rester indifférent. "Une société doit faire du profit" nous ressasse-t-on, "pas du sentiment". Je ne suis pas d'accord. Il n'y a pas de loi naturelle qui dit que ces entités doivent se comporter comme des prédateurs sans pitié. Même si les entreprises n'ont pas de plan concerté entre elles pour nous mener droit dans le mur, il est évident que leurs comportements égoïstes aura cette conséquence;

Une parenthèse à ce sujet : les dirigeants des entreprises ne sont pas fondamentalement des gens mauvais, pas plus que les hommes politiques ne sont essentiellement corrompus. Après tout, ce sont des gens comme nous. C'est juste qu'ils sont en quelque sorte "sélectionnés" suivant un processus qui fait que ce sont finalement les "pires" qui se retrouvent élus. Si un patron fait du sentiment, il fera moins de bénéfice qu'un autre faisant moins de sentiment, et les actionnaires auront tendance à préférer le second, ce qui incitera le premier à rectifier le tir, etc. etc. Et la même choses se produit en politique, et dans les syndicats. A chaque fois qu'on se trouve en présence d'une organisation hiérarchique, les personnes les plus autoritaires ont tendance à en devenir les chefs. C'est plutôt le contraire qui serait étonnant. Et même si je crois qu'il y a des exceptions à ce principe, elles sont peu nombreuses.

Le cas de l'école est plus compliqué. Évidement, c'est une structure autoritaire et quelque part il y a forcément des justifications à cela; par exemple, on ne peut pas confier la direction d'une école à des enfants de cinq ans. Mais est-ce toujours le cas pour des adolescents de quinze ans ? et pour des étudiants majeurs ? Sans parler du fait que l'on peut trouver des aménagements : une partie seulement des décisions pourrait être déléguées à des dirigeants de l'école, par exemple, avec validation par les parents d'élèves, ce genre de choses; bon les modalités sont à définir, mais encore une fois, il n'y a pas de loi naturelle qui veuille que l'éducation se fasse sous la contrainte.

En partant de ces constatations, je propose d'établir la démocratie partout où cela est possible, et donc, pour cela, de rechercher les structures autoritaires et de questionner leur légitimité. Certaines sont peut-être légitimes; mais dans quelles conditions exactement ? Est-ce qu'il n'y a pas moyen de les limiter dans le temps ? et tout ce qui s'ensuit.

Si jusque là vous êtes plutôt d'accord avec moi, je pense que nous pouvons continuer.

Si vous n'êtes pas d'accord :

Si vous pensez que ce genre d'initiative va droit à l'échec, s'il vous plait, venez au moins essayer avec nous.

Si vous pensez que tout ça, c'est du communisme, du socialisme, ou je ne sais quoi, et que ça ne marchera jamais, bon, je comprends partiellement vos objections, mais dites-vous bien que les modèles qui ont déjà échoué n'avaient rien à voir avec ce qui est proposé ici, mais tout à voir avec des dictatures d'état.

Si croyez qu'on ne peut rien faire, détrompez-vous. Les mobilisations font beaucoup, il y a beaucoup d'exemples. Faites des recherches sur ce sujet. Et même si vous pensez que c'est impossible, il faut une première fois pour tout.

Rejoindre ce mouvement n'implique pas d'abandonner votre vie pour coller des affiches, devenir un saint ou arrêter de manger de la viande, non, rien de tout ça. Ces choses-là sont à peu près inutiles dans les mouvements existants, au contraire, elles finissent par éloigner les gens "normaux".

Si vous pensez que je (ou nous) faisons ça pour devenir les chefs d'un immense mouvement, non, ce n'est pas le but. Il ne s'agit pas de faire des campagnes de télé et de radio pour fonder un parti politique. Il s'agit de provoquer des changements, ce que les partis politiques ne font pas. Ce mouvement n'enverra jamais de candidats à la présidentielle, ni n'en recommandera aucun.

Si vous pensez qu'il existe déjà ce genre de mouvements (par exemple ATTAC) et que celui-ci est juste un doublon, non, c'est différent. Il ne s'agit pas de faire des universités d'été, des forums mondiaux et ce genre de choses. La plupart de ces organisations fonctionnent d'une manière non satisfaisantes, même si elles ont des bons côtés.

Un des objectifs de ce mouvement est d'échapper aux dérives de la personnification, car c'est en contradiction avec le principe de démocratie.

Ajout de dernière minute suite à un commentaire hors ligne : ce mouvement n'a pas vocation non plus à se substituer ou à remplacer les véritables luttes, sur le terrain où elles doivent aussi avoir lieu : La vie ne se passe pas sur Internet. Sa vocation est aussi pédagogique : c'est l'occasion de montrer que l'auto-organisation est possible, mais en plus qu'elle a des effets.

Maintenant, dans une seconde partie, j'aborderai le côté technique de la bête.

Ensuite, nous pourrons vraiment commencer. Le temps presse.

8 commentaires:

  1. Jean Claude Goujat23 septembre 2009 à 20:52

    "Un des objectifs de ce mouvement est d'échapper aux dérives de la personnification"

    Ben oui mais difficile quand on a à faire aux médias actuels et les réflexes de beaucoup de prendre un porte parole pour un "chef"!

    Bizarre aussi cette coïncidence:Réunion lundi soir,parler de la nationalisation,et remarquer au cours de la discussion que la nationalisation en tant que telle serait un échec si la démocratie au sein même des entreprises ne changeait pas!Donner des pouvoirs aux salariés,aux usagers,même si parfois leurs intérêts ne semblent pas coïncider est un impératif qui pourra vraiment changer les choses:que les gens décident eux mêmes de leur destins même si ils peuvent se tromper ça revient à dire faire confiance au peuple,à ses capacités et à son intelligence!

    RépondreSupprimer
  2. >>Ben oui mais difficile quand on a à faire aux médias

    Et c'est bien pour cette raison qu'il faut éviter les médias à tout prix. Ou du moins les sélectionner soigneusement. Ceux qui semblent dignes de confiance, accorder des interviews avec des réponses collectives (ils le comprendront très bien). Les autres, n'accorder que des textes sous copyright sans droit de modification (à étudier) ou rien.

    >>la démocratie au sein même des entreprises
    >>un impératif qui pourra vraiment changer les choses

    Déjà je me sens moins seule. Vous en êtes ? Excusez mon enthousiasme, mais je m'attendais à prêcher dans le désert.

    Je sens que je vais me mettre au travail et déblayer la partie technique cette nuit !

    RépondreSupprimer
  3. Noëlle, si tu permets, je viens échouer avec vous. Quelles idées tu as parfois ....

    RépondreSupprimer
  4. Joe, bienvenu à bord, je dirais. Ici on ne fait pas dans le formalisme, comme pour la FIBI : on dit j'en suis, et voilà.

    Plus tard (j'espère vite) on organisera ça. Mais il faut que je retourne travailler à la partie technique. J'attends tes commentaires.

    RépondreSupprimer
  5. Noëlle, on dit que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Alors pour les insomniaques, c'est carrément l'univers. Minimum le système solaire.

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour Noelle.

    Apres une lecture rapide de votre blog, je n'ai pas tres bien compris ce que vous vouliez faire pour la democratie sur internet.

    Quoi que devienne ce projet, il y aura à mon sens deux issues:
    - l echec (la solution la plus souhaitable)
    - la recuperation par des personnes moins humanistes que vous (c'est ce qui est arrivé a Debord avec son internationale situationniste)

    J'espere dans tous les cas que vous prendrez plaisir à monter ce projet.


    Pour tout vous avouer, j'ai decouvert votre blog via le magnifique et truculent troll dans les commentaires d'un article sur la politique fiscale francaise. Malgre toutes vos intentions qui me semblent louables, je vous laisse a mediter ce proverbe anglais: "a road to hell is paved of good intentions". Ceci me parait etre tres representatif de la pensee de votre detracteur, malgre son manque de tact evident.


    Concerant l'ecole, je vous conseille ce film (de Debord encore une fois)
    http://www.ubu.com/film/debord_ingirum.html
    Le role de l'ecole est, selon lui, de retirer l'education des enfants à leur parents, dans un but que vous semblez avoir saisi.

    De facon plus generale, on peut meme affirmer que l'invention de l'ecriture est une vraie plaie pour l'humanite, excellent moyen d'asseoir la domination de l'homme sur l'homme.

    Cordialement
    Thomas

    RépondreSupprimer
  7. Thomas,

    Désolée de n'avoir pas été assez claire. Mon projet (en fait celui de n'importe qui voulant y participer) est résumable en une seule phrase : la démocratie partout où c'est possible.

    Le moyen que je préconise pour y parvenir est un moyen qui certes peu échouer, mais non être subverti (enfin je crois, je peux me tromper). Il s'agit (pour ce que je propose) de créer une sorte de groupe de pression géant, quasi anonyme, pouvant cibler n'importe quelle grosse entreprise; le déficit de démocratie dans nos sociétés vient principalement des grosses entreprises, dans le pouvoir qu'elles ont et les hommes politiques qu'elles manipulent (directement ou indirectement bien sur) et par l'organisation hiérarchique (et totalitaire - mais il y a presque équivalence) qu'elles font peser sur les individus.

    A partir de là, les affaiblir ne peut que renforcer la démocratie. On peut procéder de la même façon avec l'état.

    Quant à dire que la démocratie n'est pas une bonne idée, parce que ceci ou cela, je connais tout ça par coeur et ça me fatigue d'avance : l'attachement à la république, c'est comme pour l'homéopathie, c'est de l'ordre de la religion, on peut qu'attendre une révélation pour que les gens comprennent...

    Mais j'ai bon espoir, parce qu'il semble que les choses changent un peu.

    RépondreSupprimer